Le mobilier de seconde vie enregistre une dynamique vigoureuse en France et représente aujourd’hui environ 10 % du marché. Jadis perçu comme un mobilier de moindre qualité et potentiellement dangereux, il est dorénavant considéré comme une réponse aux enjeux liés à l’économie circulaire. Toutefois, si le marché du mobilier de seconde vie est porté par une réglementation en ligne avec les enjeux contemporains (loi AGEC), les interrogations sur la qualité des produits demeurent. En réponse à ces demandes sociétales et des marchés, les fabricants, les distributeurs (comme Loire Eco Distribution), les éco-organismes et le Centre technique de la filière (FCBA) contribuent à fiabiliser la qualité du mobilier de seconde vie remis sur le marché.
Selon l’IPEA (Institut de Prospective et d’Etudes de l’Ameublement), le marché du mobilier d’occasion pesait en 2021 près de 10 % du chiffre d’affaires du mobilier neuf 1. Si le mobilier de seconde vie est déjà bien implanté chez les particuliers, le secteur professionnel enregistre une dynamique vigoureuse, sous l’impulsion du développement de l’économie circulaire. Malgré cette croissance notable, le marché professionnel fait face à des difficultés liées à un manque d’offre en volume mais aussi à un manque de fiabilité sur la qualité du mobilier remis sur le marché.
Les acteurs du secteur ont remarqué à la fois une diversification de leur clientèle et une hausse de la demande. Grégory Soret, PDG de Loire Eco Distribution, une entreprise qui propose du mobilier de bureau reconditionné, explique qu’aujourd’hui, « tout le monde achète du mobilier de seconde vie. Hier, ça s’adressait aux jeunes créateurs d’entreprise qui n’avaient pas de moyens. Aujourd’hui, tout le monde en achète car le mobilier reconditionné répond à des valeurs environnementales fortes, et non plus uniquement à une démarche économique. Donc, quand on parle des acheteurs, ça peut tout à fait être un grand groupe. »
Grégory Soret précise qu’il y a aussi, parmi leurs clients, les salariés qui achètent pour chez eux le même fauteuil de bureau qu’en entreprise. « Avec le télétravail, les demandes ont explosé. On a parfois des dizaines de commandes par jour de fauteuils unitaires ! », explique-t-il.
Ce marché se définit grâce à un contexte législatif favorable. C’est ainsi que le 10 février 2020, la loi AGEC - ou loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, est entrée en vigueur. Cette loi, tant incitative que contraignante, vise à une meilleure intégration du marché de la seconde vie. La loi AGEC impose aux acheteurs de marchés publics d’intégrer un minimum de 20 % de produits recyclés ou de seconde vie dans leurs appels d’offres.
Chaise de bureau reconditionnée en vente sur le site de Loire Eco Distribution.
©Loire Eco Distribution
Créée en 2012, l’entreprise Loire Eco Distribution vend du matériel informatique et du mobilier de bureau d’occasion reconditionnés. Le mobilier d’occasion reconditionné est une version remise en état du mobilier d’occasion.
L’entreprise vend également quelques produits neufs mais la priorité est donnée au reconditionnement. Comme l’explique Grégory Soret, « Le neuf ne représente que 10 % de notre activité. La raison est simple : si nous avons une demande sur du neuf et que nous avons en reconditionné le produit qui correspond - en termes de volumétrie, de design, de coloris et de fonctionnalités -, nous faisons systématiquement une contreproposition, en expliquant à l’acheteur qu’il a tout intérêt à acheter du reconditionné plutôt que de repartir sur du neuf ».
Loire Eco Distribution rachète une partie du mobilier dont les entreprises se débarrassent lors d’un déménagement ou de la rénovation de leurs espaces de travail. Elle va ensuite transporter le mobilier dans son entrepôt pour le reconditionner. Pour un fauteuil de bureau, les équipes de Loire Eco Distribution vont vérifier qu’il soit 100 % fonctionnel sur la pompe hydraulique, le mécanisme synchrone, le réglage du dossier, le soutien lombaire, etc. « Si un défaut est présent sur le fauteuil, on va démonter un autre fauteuil pour prendre des pièces détachées et rendre le premier fauteuil 100 % fonctionnel », explique Grégory Soret. « Par exemple, remplacer le tissu d’un fauteuil, un plateau de bureau, fixer l’accoudoir droit d’un fauteuil sur un autre fauteuil en bon état dont il ne manquait que l’accoudoir droit. Avec un principe directeur : remplacer par une pièce détachée de la marque et du même modèle ».
Au fil du tri et des réparations, Loire Eco Distribution se constitue un stock de pièces détachées qu’elle va utiliser pour remettre en état un maximum de meubles. Lorsque la référence est fréquente, ce stock est même conservé en vue des prochains « gisements » de fauteuils ou autres mobiliers de bureau.
En plus des remplacements des pièces défectueux par d’autres, Loire Eco Distribution pousse le processus de reconditionnement encore plus loin. « Si le piétement est un piétement peint, on va démonter le piétement, l’envoyer en atelier de peinture pour qu’il soit repeint à l’identique. On va dégraisser la pompe hydraulique, la regraisser, le cas échéant regraisser également le mécanisme synchrone. On va enlever les poussières intégrées dans la résille, injecter un produit dans les tissus pour en extraire les salissures, désinfecter le tissu par la même occasion, etc. », continue d’expliquer M. Soret.
A la suite de la réparation, Loire Eco Distribution organise un contrôle qualité en interne, qui permet de vérifier toutes les étapes du reconditionnement et de le certifier comme étant conforme aux exigences de la société.
Une fois le mobilier remis en état, il est proposé à la vente, avec une garantie sur 12 mois.
Pour Grégory Soret, PDG de Loire Eco Distribution, la certification serait un moyen de valoriser le sérieux et la qualité de sa démarche. « Une certification nous intéresserait complètement, dans le sens où aujourd’hui on est quelques acteurs en France à faire un vrai travail de reconditionnement sur le mobilier d’occasion ». Il poursuit : « L’acheteur serait intéressé de savoir que le distributeur a des protocoles de reconditionnement. Reconditionner du mobilier de bureau n’est pas une mince affaire. Ça demande des connaissances techniques dans beaucoup de domaines. Et donc ce serait intéressant aujourd’hui d’avoir une certification qui pourrait valoriser notre travail et nous permettre de faire la différence avec d’autres acteurs du marché d’occasion. »
Face à ce besoin de certification, FCBA, en collaboration avec tous les acteurs du marché contribuera à fiabiliser la qualité le mobilier de seconde vie pour rassurer les acheteurs et pour l’atteinte des objectifs de la loi AGEC.
A bientôt pour un prochain article,
Aurélie (Agence Crea Nostra)
Romain Bonifacj (FCBA)
Haroun BA (FCBA)
Agence de communication : Crea Nostra
creanostra.fr
contact@creanostra.fr
Notes :
1. Dans l'ameublement, le neuf vacille mais la seconde vie frétille, selon une étude (lefigaro.fr)