Des locaux bien aménagés, des salariés heureux ?

Des locaux bien aménagés, des salariés heureux ?

02 mai 2023
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Cantine gratuite, toboggan pour descendre à la cantine, espace détente avec des canapés somptueux, on a tous en tête les locaux de Google qui veut rendre ses salariés heureux. Et le géant américain n’est pas le seul. Une large partie des entreprises du tertiaire prend au sérieux l’aménagement de ses locaux. Mais est-ce pour autant un outil qui favorise le bien-être des collaborateurs ou tout ceci n’est-il que paillettes ? Pour répondre à cette vaste et ambitieuse question, nous sommes allés à la rencontre de Génie des lieux, cabinet de conseils en aménagement d’environnement de travail, et du Groupe Altarea, leader de la transformation urbaine en France.

Vitrine de l’entreprise, les espaces de travail deviennent un argument parmi d’autres pour attirer les nouveaux talents. On choisit entre l’entreprise qui a sa salle de sieste ou celle qui offre les boissons chaudes, ou encore celle qui a une conciergerie. Ensuite, sur la durée, il semble que l’aménagement des espaces de travail devienne une variable à prendre en compte dans la stratégie de management. « Il y a cet espoir qu’en agissant sur l’espace de travail, nous allons agir sur le travail. Et tout le mouvement du space-planning depuis les années 80 s’est développé là-dessus. C’est-à-dire que l’espace de travail devient un outil de management comme les autres. » explique Mathieu Lefranc, architecte et sociologue chez Génie des lieux. 

L’entreprise se doit donc d’être un espace de travail agréable et aussi cosy qu’à la maison. Et pour cela, il y a toute une série de variables sur lesquelles il est possible de jouer.

 

Lumière, ergonomie et confort acoustique

D’abord, la lumière. Le confort au bureau passe par des espaces bien éclairés, dont les lumières suivent le cycle de soleil. Ensuite, il y a le confort thermique, ne pas avoir trop chaud, ni trop froid.

Et puis, il y a l’endroit où l’on s’assoit. Notre corps n’est pas fait pour rester assis toute une journée. Et l’une des solutions plébiscitées par les entreprises et leurs collaborateurs, est celle du bureau réglable en hauteur.  « A l’époque, nos collaborateurs étaient un peu sceptiques sur la possibilité de travailler debout, pourtant aujourd’hui c’est largement plébiscité. C’est entré dans les usages. On se lève et pendant 2 heures, on travaille debout. C’est très confortable comme position. » raconte Cyrielle Bachellier, responsable communication interne d'Altarea. Après 4 ans de travaux, le siège d’Altarea a reçu le Grand Prix SIMI en 2020 pour ses locaux dans la catégorie « immeuble de bureaux rénové ou réaménagement particulièrement innovant ».

Locaux d’Altarea © Patrick Tourneboeuf / Tendance Floue


Enfin, une question qui n’est pas des moindres, celle du confort acoustique. Suite au COVID, les entreprises se sont laissé séduire par l’idée qu’il était possible d’organiser les semaines des salariés entre des moments dits de concentration, qui seraient exclusivement réalisés à la maison, et puis des moments collaboratifs que l’on organiserait en entreprise. En réalité, c’est une illusion. Un salarié ne peut pas de chapitrer sa semaine de cette façon.  Il aura toujours des tâches dites de concentration à réaliser au sein même des locaux de l’entreprise. Or pour quelqu’un qui travaille dans un open space bruyant, il est tentant de rester à la maison. On y serait plus concentré … parce que moins dérangé. La solution serait alors de revenir à une forme de cloisonnement des espaces, explique Mathieu Lefranc, architecte et sociologue chez Génie des lieux. « Actuellement, on travaille sur une multitude de positions de travail informelles et collaboratives, qui ne sont pas forcément très utilisées. L’idée serait d’inverser les choses, et d’essayer d’aller retrouver des espaces plus cloisonnés, qui n'offrent que des positions ergonomiques, par exemple. »

Cela peut passer par l’installation de cabines acoustiques, d’espaces silence, de petites salles de réunion, ou tout simplement en fermant les bureaux.   

L'espace silence et cloisonné dans les locaux d’Altarea

 

Un besoin d’appropriation des espaces

Au-delà de critères objectifs, il y a aussi la question de se sentir aussi bien au bureau qu’à la maison. Et pour cela, il faut que les salariés puissent habiter les espaces à leur façon. Que ça soit en posant une photo sur un bureau, en accrochant une affiche ou en déposant des affaires sur une étagère d’équipe. « Avec un espace, on va fabriquer un lien, un attachement. La sociologie de l’activité a montré ces dernières années que l’espace de travail est un outil que l’on va petit à petit façonner, que ce soit physiquement ou symboliquement. Et on va finir par réaliser son activité en prenant appui sur cet espace, comme on prend appui sur d’autres outils. Même si un espace nous paraît mal adapté, on va finir par s’adapter, par créer un lieu et faire en sorte que cet espace nous serve pour réaliser notre activité. » explique l’architecte et sociologue Mathieu Lefranc.

Or le TOUT flex office, avec l’absence de bureaux attitrés pour l’ensemble des salariés, va à l’encontre de ce besoin. Cette forme d’aménagement des espaces permet certes aux entreprises de réduire les mètres carrés occupés et donc de diminuer le budget immobilier, mais il semblerait qu’elle puisse aller à l’encontre du bien-être pour certains types de métiers. « Le modèle que l’on fabrique aujourd’hui, est potentiellement néfaste. Je pense qu’en faisant ces espaces de travail de manière différente, nous serons potentiellement plus dans la performance, parce que la manière dont ces espaces seraient aménagés permettrait de créer plus de bien-être, d’attachement, de reconnaissance et reconnaîtrait davantage la nécessité d’avoir un attachement à l’espace de travail », confie Mathieu Lefranc.

L’une des solutions serait alors de trouver un juste milieu en recourant au flex office pour des métiers caractérisés par le nomadisme et la flexibilité, et en conservant des bureaux attitrés pour des postes plus sédentaires. « On veut faire en sorte que tous les salariés soient hyper mobiles, dynamiques, réactifs… comme doit être l’entreprise de service sur son marché, sauf que ce n’est pas la réalité de tous les salariés dans ces grandes entreprises. » continue Mathieu Lefranc. Chez Altarea, les postes en flex office le sont parce que la nature du poste s’y prête bien. « Pour offrir une expérience la plus personnalisée possible à nos collaborateurs, les bureaux ont été adaptés à leurs profils. La majorité de nos collaborateurs ont des bureaux attitrés mais une pointe de flex office a été intégrée pour nos populations les plus nomades, telles que les commerciaux, qui sont là moins souvent. Nous tenions également à ce que nos collaborateurs régionaux se sentent pleinement intégrés lorsqu’ils viennent au siège. Des espaces au centre des open spaces et des bureaux ont donc été aménagés pour qu’ils puissent travailler au cœur des équipes. » explique Cyrielle Bachelier, responsable communication interne chez Altarea.

La seconde solution serait de repenser le flex office en le mettant en place dans des espaces plus petits et cloisonnés, afin que les équipes puissent retrouver ce que Mathieu Lefranc appelle des « territoires d’équipes. » Par exemple, dans le service communication d’Altarea, il y a une majorité de bureaux attitrés avec quelques postes en flex office destinés aux alternants.

 

Les services à côté

Au-delà des espaces réservés au travail, il y a les services à côté qui permettent de vivre dans l’entreprise. Salle de sports, conciergerie, salle de sieste, cafétaria avec petit-déjeuner, service informatique à la demande… on s’y perd tellement la liste des possibilités est longue. Et nous rejoignons l’avis de Stéphanie Guinet, responsable communication chez Génie des lieux, à ce propos, « les meilleurs services sont ceux qui aident à travailler efficacement. » C’est parce qu’ils facilitent la vie des salariés, qu’ils participent à améliorer le confort et le bien-être des collaborateurs.

A l’entrée du siège d’Altarea, il y a une conciergerie qui propose des prêts de parapluies ou de réceptionner des petits colis, aussi bien pour le travail que pour le personnel. Bref, finie la galère de sortir du bureau en se protégeant de la pluie avec un sac à dos. Finie aussi la course sous la pluie pour arriver à temps avant la fermeture du seul point relais proche de son domicile.  

Chez Altarea, le choix est allé en la faveur d’un petit nombre de services pour privilégier la qualité, m’explique Cyrielle Bachellier, responsable communication interne. La cantine a été remplacée par un restaurant d’entreprise où l’on peut savourer es recettes classiques et/ou revisitées d’un menu cuisiné avec des produits de saison, le tout subventionné à 50% par l’entreprise pour un prix un peu plus élevé qu’une cantine lambda mais bien moins cher qu’un restaurant à l’extérieur dans le quartier Richelieu. Pour ceux, qui ont envie d’une ambiance plus street, il y a le food court. A chaque étage, on trouve aussi des tisaneries avec un accès gratuit aux boissons chaudes. Au 1er étage, côté rive gauche, il y a le comptoir de services où l’on peut passer en urgence avec son ordinateur pour qu’il soit réparé. Pas besoin de galérer à appeler le service informatique pendant des heures… Puis, il y a quelques espaces verts, une très belle terrasse et des fresques d’artistes qui parcourent les murs notamment ceux des escaliers.

La conciergerie et le comptoir des services d’Altarea

 

Intégrer les salariés dans les plans de réaménagement

Si Altarea semble être une entreprise où il fait bon vivre, c’est en partie parce que les salariés ont été consultés dès le début du projet. « On a mis en place des ateliers thématiques. On a environ 150 collaborateurs qui ont participé à ces ateliers. Par exemple, on avait des ateliers sur la restauration, la végétalisation, les services…» explique Cyrielle Bachellier. Le groupe Altarea a également organisé des visites de chantier et un showroom pendant lesquelles les collaborateurs sont venus tester les différentes options pour le mobilier de l’entreprise. Les sièges et les bureaux qui sont aujourd’hui installés dans les bureaux ont été choisis par vote par les collaborateurs. Et selon Cyrielle Bachellier, cette démarche participative était essentielle à l’adhésion au projet.

Ce n’est donc pas seulement l’aménagement des espaces de travail qui participerait au bien-être des salariés mais aussi leur inclusion dans les processus de décision.

Et si l’on va plus loin dans la réflexion, nous dirions même que l’aménagement des espaces ne fait pas tout. Même avec la plus belle salle de sport, le meilleur restaurant, une entreprise au management contesté  ne réglera pas les problèmes inhérents à l’organisation du travail. L’aménagement des espaces ne peut pas faire « pansement » ou « paillette ». Si le bonheur des salariés est là, alors l’aménagement des espaces ne fera que le renforcer.

A très bientôt pour un nouvel article !

Aurélie

Agence de communication : Crea Nostra 
creanostra.fr
contact@creanostra.fr

 

 

 

 

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Aurélie
Auteur de cet article : Aurélie

Journaliste pour l'agence Créa Nostra

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